Croix de cendre (Antoine Sénanque)

note: 5Polar médiéval sur fond d’inquisition. Guy, bibliothécaire - 13 février 2024

En 1367, le vieux prieur Guillaume du monastère de Verfeil dans le Languedoc charge deux jeunes frères, Antonin et Robert de sa communauté de dominicains d’aller acheter des parchemins de qualité et de l’encre afin de raconter ses mémoires. Mais ses confessions inquiètent, Louis de Charnes , l’inquisiteur qui fait emprisonner les moines. Pourquoi l’inquisiteur agit-t-il de la sorte ? Qu’est-ce qui l’inquiète dans ces confessions ? Qu’a-t-il à cacher ? Ce récit mélange habilement aventures, obscurantisme religieux et spiritualité. Antoine Sénanque nous plonge avec une grande érudition et un style épique dans cette époque mouvementée où la peste est toujours très présente dans les esprits.

Ecrire est un roman (Irène Frain)

note: 5Ecrire ! Guy, bibliothécaire - 13 février 2024

Sollicitée régulièrement par ses lecteurs, Irène Frain partage dans ce livre sa pratique d'écrivaine. Auteur d’une trentaine de romans et de biographies, elle a de sérieuses références. Elle nous raconte au fil des pages son expérience qui repose sur le désir d’écrire multipliant les anecdotes et les références littéraires.
Ce livre accessible et souvent drôle s'adresse à tous ceux qui aiment lire ou qui écrivent en secret, comme à ceux qui n'osent pas se lancer.

Mon petit frère (Jean-Louis Fournier)

note: 5Un hommage émouvant, rempli d’amour et d’humour. Guy, bibliothécaire - 13 février 2024

La couverture de cet ouvrage a attiré mon attention. Jean-Louis Fournier et son frère Yves-Marie apparaissent photographiés en noir et blanc lors de leur communion solennelle. Les deux frères sont magnifiques sur cette photo et tellement complices qu’ils nous invitent à découvrir leur histoire. Un récit pudique d’un grand frère qui peine à se remettre du décès de son jeune frère âgé de 78 ans.

Dès que sa bouche fut pleine (Juliette Oury)

note: 4Une fable initiatique délicieuse Guy, bibliothécaire - 24 janvier 2024

Voici un roman original et audacieux qui inverse la position de la sexualité et de la nourriture. Juliette Oury nous présente un monde où le sexe se vit au grand jour, se partage entre amis et s’exécute quotidiennement à heure régulière.
A l’inverse, manger autre chose que des barres sustensives anaromatiques conditionnées est mal vu. La cuisine est une affaire intime, secrète voire même tabou. Rentrer dans cet univers étrange est une véritable expérience. L’imagination de l’auteure nous montre le lien étroit qui peut exister entre le désir charnel et la nourriture.
Un premier roman très bien écrit et prometteur.

En garde (Amélie Cordonnier)

note: 3Stupeur et délation Guy, bibliothécaire - 24 janvier 2024

Suite à un appel anonyme Amélie Cordonnier a la surprise de découvrir qu’elle a été dénoncée au 119 pour maltraitance de ses enfants Lou, sept ans et Gabriel, quatorze ans. Une enquête sociale est diligentée et la famille reçoit une convocation pour rencontrer deux assistantes sociales.
Au fur et à mesure du récit, la tension monte et tout un panel de sentiments surgissent. J’ai beaucoup aimé la première partie, en revanche dans la deuxième avec l’arrivée de l’assistant social à domicile, qui se fait appeler le Cousin je me suis interrogé. La situation est tellement invraisemblable que l’on a de la peine à croire que c’est réel pourtant l’auteure indique en préambule que cette histoire est tirée de son histoire personnelle. Ne se joue-t-elle pas de nous ?

L'Homme des Mille détours (Agnès Martin-Lugand)

note: 55,0 sur 5 étoiles Un voyage dont on revient boulversé Guy, bibliothécaire - 24 janvier 2024

Ce récit sensible très bien écrit est profondément humain, les interrogations et les déchirements internes des personnages sont très bien rendus. Tous ont des blessures qui seront longues à cicatriser. Jusqu’à la dernière page cette histoire riche en rebondissements et sentiments nous emporte loin de notre quotidien…

La petite menteuse (Pascale Robert-Diard)

note: 5Captivant ! Guy, bibliothécaire - 25 juillet 2023

Trois ans auparavant, Lisa âgée de 15 ans a accusé de viol Marco Lange un plâtrier venu faire des travaux dans la maison familiale. Au cours du procès, l’avocat de l’adolescente traumatisée par cet acte odieux a facilement obtenu la condamnation à 10 ans de prison de cet homme louche au casier judiciaire chargé. Clamant son innocence depuis trois ans, le condamné entame un procès en appel. Désormais majeure et contrairement à l’avis de ses parents, Lisa décide de changer d’avocat pour être défendue par une femme. Son choix se porte sur Alice, une avocate expérimentée qui accepte de reprendre ce dossier facile à plaider. Mais coup de théâtre, Lisa revient sur ses déclarations et reconnaît avoir menti… Un roman passionnant d’une grande efficacité narrative qui met en lumière le doute et les ambivalences humaines.

Tsunami (Marc Dugain)

note: 55,0 sur 5 étoiles Une chronique cruelle du pouvoir. Guy, bibliothécaire - 25 juillet 2023

Ce roman est le journal intime de notre prochain président de la République française. Son mandat est suffisamment proche et permet à l’auteur d’analyser la situation nationale et mondiale sous l’œil de son illustre personnage. En nous ouvrant les portes de l’Elysée il nous fait pénétrer au cœur des manœuvres politiques inhérentes aux jeux de pouvoirs et d’influences. L’idée majeur du quinquennat est, avec l’aide des GAFAM, de réduire le réchauffement climatique en faisant appel à la responsabilité de chaque citoyen pour limiter sa consommation. Dans cette France en décomposition sur le plan politique et social, il trace un avenir sombre pour notre démocratie. Avec une plume fluide et des chapitres courts, Marc Dugain tient ses lecteurs en haleine.

Heureusement elle n'a pas souffert (Bruce Toussaint)

note: 5Livre émouvant Guy, bibliothécaire - 25 juillet 2023

Sept ans après la disparition de son père victime d’un cancer et un peu plus d’un an après la mort brutale de sa mère, Bruce Toussaint éprouve le besoin d’écrire sur une histoire simple et universelle. Celle d’un homme âgé d’une quarantaine d’années qui redevient un enfant en faisant ses adieux à ses parents. Il a choisi d’écrire pour partager la douleur que nous sommes si nombreux à ressentir en silence. Il profite de sa notoriété pour essayer de faire évoluer les choses au niveau de la prise en charge de la fin de vie. Il milite également pour que la société reconnaisse que la mort de ses parents même si elle est dans l’ordre des choses peut entrainer des traumatismes profonds chez ceux qui restent.
J’ai ressenti beaucoup d’humanité et de bienveillance dans ce récit. C’est une très belle déclaration d’amour et un bel hommage rendu à son papa et à sa maman.

Je trouve que son témoignage complète celui d’Adèle Van Reeth dans son livre intitulé « Inconsolable ».

Reste (Adeline Dieudonné)

note: 5 Spécial, dérangeant, atypique ... Guy, bibliothécaire - 25 juillet 2023

Depuis 8 ans, M. qui est marié vit une relation clandestine avec une femme. Lors d’un week- end secret en amoureux, dans un chalet au bord d’un lac, en nageant il meurt d’une crise cardiaque.
La narratrice qui était sa maîtresse écrit deux lettres à l’épouse pour lui rendre compte de la situation. Dans ce courrier elle raconte sa vie et ses six jours de délire post traumatique où elle a veillé le corps de son amant dans le but de lui offrir une belle sépulture.
Il s’agit du long monologue d’une femme qui fait le bilan de son existence, de ses échecs mais aussi de son choix de vivre une relation avec un homme marié.
Plus largement, ce roman fait réfléchir sur la place des femmes dans la société, sur leurs rapports avec les hommes.
L’écriture est réaliste voire parfois glaçante. Un récit atypique et perturbant où le lecteur, dans la position du voyeur, ne peut qu’assister à cette folie solitaire.

Inconsolable (Adèle Van Reeth)

note: 5De l'utilité de la philosophie... Guy, bibliothécaire - 25 juillet 2023

L’auteure raconte avec simplicité la dernière année de l’existence de son père touché par une tumeur au cerveau. Elle sait qu’il n’y a pas d’espoir de guérison et son petit papa lui manque déjà, même encore vivant. Elle nous fait partager les étapes de son accompagnement et cette tristesse préparatoire. Son chagrin est proportionnel à son attachement, à sa mort, le sentiment de perte ne la quitte plus. Pourtant la mort de nos parents est dans l’ordre des choses, dit-on. Cela n'empêche pas d’éprouver le vide laissé par le défunt et d’être atteint d’un chagrin incommensurable.
A partir de son témoignage personnel, elle parvient à mettre des mots sur l’indicible et s’interroge sur la fin de la vie. Un ouvrage sensible sur le deuil qui a un caractère universel.

Ce que je n'ai pas su (Solène Bakowski)

note: 5Un roman tendre et bouleversant sur les relations familiales, l’amour, ... Guy, bibliothécaire - 25 juillet 2023

Paul est un écrivain célèbre âgé d’une quarantaine d’année, il vit avec Hélène depuis dix ans et un jour il disparaît en laissant juste un mot sur la table, et rien d'autre. C’est la consternation pour Hélène, personne dans son entourage ne sait ce qu'il est devenu. Elle attend toujours son retour mais un an après son départ précipité une inconnue au téléphone lui apprend son décès dans un accident de voiture. Solène Bakowski retranscrit avec justesse la complexité des relations humaines et rend un bel hommage à la lecture et à l’écriture a travers le rêve d’un gamin devenu écrivain célèbre pour échapper à sa condition sociale.

La doublure (Mélissa Da Costa)

note: 5Hypnotisant, déroutant, envoûtant Guy, bibliothécaire - 14 mars 2023

Evie, jeune femme sans attache, dévouée et sensible cherche un travail. Elle va croiser par hasard Pierre Manan, riche homme d’affaire sur le port de Saint-Paul de Vence. Il lui propose un travail hors du commun, devenir la doublure de sa femme Clara, artiste peintre. Tous les trois vont s’enliser progressivement dans un jeu pervers et mystérieux. Voici un roman addictif d’une grande intensité qu’il est difficile de quitter tant le besoin de savoir comment tout cela va finir est grand. A la fois diabolique et machiavélique ce récit qui nous fait pénétrer dans les côtés obscurs de l’âme humaine bouscule et dérange.

La nuit des pères (Gaëlle Josse)

note: 5Un récit délicat Guy, bibliothécaire - 6 novembre 2022

Une fois encore, Gaëlle Josse livre un roman époustouflant d’une extrême sensibilité. Avant qu’il ne fasse nuit dans sa mémoire, le père va révéler sa nuit intérieure. Ce roman est le plus texte beau que j’ai lu de la rentrée littéraire.

Oeuvre non trouvée

note: 5 Affronter la solitude Guy, bibliothécaire - 6 novembre 2022

Victor Jestin nous conduit à travers une galerie de portraits dans une plongée vertigineuse dans le monde de la nuit et au plus près de l’intimité d’un homme en quête d’amour et de reconnaissance. A partir des fêlures d’Arthur, l’auteur porte avec une écriture sobre et nerveuse un regard lucide sur la masculinité. Il y a trois ans Victor Jestin a publié son premier roman intitulé « La chaleur ». Le thème et l’écriture percutante ne m’avaient pas laissé indifférent et j’attendais avec impatience un nouveau récit de sa part. Je n’ai pas été déçu, au contraire…

La treizième heure (Emmanuelle Bayamack-Tam)

note: 5Une ode à l'amour et la tolérance Guy, bibliothécaire - 6 novembre 2022

rois parties composent ce roman où chacun à leur tour les trois membres d’une même famille racontent leur parcours.
Il y a d’abord Farah, la fille qui est née intersexuée. Agée de dix sept ans, elle s’interroge désormais sur sa filiation et les mensonges de son père. Elle découvre qu’elle a eu deux mères : Sophie et Hind. Lenny, le père poursuit le récit et décrit sa passion pour Hind, qui le conduira après leur séparation à fonder l’église de la Treizième Heure. Hind occupe la troisième partie et évoque son parcours atypique de femme trans d’origine algérienne. Elle a aimé Lenny et a souhaité fonder une famille avec lui mais elle finira par le quitter pour vivre une passion amoureuse sans lendemain.
Ce roman bien écrit avec des passages parfois crus comporte de nombreuses références culturelles. Il est une véritable ode à l’amour et à la tolérance. Il pose aussi les questions dans l’air du temps du désir, du genre et de l’identité.

Vivre vite (Brigitte Giraud)

note: 4Prix Goncourt 2022 Guy, bibliothécaire - 6 novembre 2022

Brigitte Giraud est obligée de vendre sa maison en raison d’un projet immobilier qui englobe tout le quartier. Cette maison a une histoire, elle l’a achetée avec Claude son mari, il y a vingt ans mais il n’y a jamais vécu parce que quelques jours après il s’est tué en moto. Cette autofiction est un bel hommage rendu à son mari et une suite à l’ouvrage qu’elle avait publié en 2001 qui s’intitulait « A présent » où elle décrivait sa détresse et les difficultés dans sa vie que le décès de Claude avait engendré. Un roman tendu et nostalgique qui essaye de démonter les ressorts du destin.

La vie qui commence (Adrien Borne)

note: 5Un récit émouvant Guy, bibliothécaire - 1 juillet 2022

Dans son précédent roman « Mémoire de soie », Adrien Borne abordait déjà le sujet des mystères enfouis et des secrets de famille. Il poursuit son exploration de l’intime en abordant cette fois-ci la question du silence de l’enfance abusée. Voilà un livre choc et émouvant qui montre comment la culpabilité et la honte poussent les victimes au silence et au repli sur soi.
Ce témoignage romancé très bien écrit pourra peut-être aider d’autres personnes à se libérer de cet anéantissement.

Les tribulations du guitariste nomade (Miguel Haler)

note: 5Un homme libre Guy, bibliothécaire - 1 juillet 2022

A quatorze ans, le certificat d’étude en poche, le jeune Miguel pour faire plaisir à son père est rentré à l’usine mais très vite il a compris qu’il n’était pas fait pour rester enfermé. En lui, le cœur de nomade hérité de son papy Sylvano Bédinos battait trop fort. Guitariste particulièrement doué, il a décidé de prendre la route et de vivre de son art. Un récit attachant écrit par un conteur de talent qui en est déjà à son neuvième ouvrage.

La chance de ma vie (Théo Curin)

note: 5Leçon d'espoir, de vie ... Guy, bibliothécaire - 1 juillet 2022

A six ans, Théo Curin est atteint d’une méningite bactérienne foudroyante qui nécessite pour sa survie l’amputation de ses quatre membres. Il aurait pu s’effondrer, s’avouer vaincu par la maladie mais grâce à l’amour inconditionnel de sa maman, de sa famille et de ses amis il a surmonté cette épreuve. Au fil du récit, il donne la parole au personnel soignant, aux entraîneurs sportifs qui sont tous admiratifs de son courage. Voici donc une belle leçon de vie et d’espoir que nous livre ce jeune homme tout juste âgé de 22 ans.

Les rêveurs définitifs (Camille de Peretti)

note: 5Rêve ou cauchemar ! Guy, bibliothécaire - 17 novembre 2021

Le titre de ce roman a attiré mon attention et je n’ai pas été déçu.
A travers son personnage principal, l’auteure rend hommage à la puissance du rêve, à l’imaginaire et à la littérature. Emmanuelle est traductrice et elle aspire qu’à une chose devenir un écrivain à part entière. Ce roman met l’accent sur l’importance primordiale du facteur humain à l’opposé de notre société obsédée de technologie et d’intelligence artificielle. J’ai apprécié la riposte cinglante des jeunes hackers qui apportent une réponse singulière aux certitudes des adultes et à un monde en plein bouleversement. Chronique juste et caustique qui met en joie et redonne la parole à ceux qui sont lassés des échecs successifs rencontrés dans la vie réelle.

Revenir à toi (Léonor de Récondo)

note: 5Un face à face entre une mère et une fille, mélancolique et bouleversant. Guy, bibliothécaire - 17 novembre 2021

Agée de 41 ans, Magdanela est une actrice de renom, les metteurs en scène la réclament. Pourtant, malgré le succès, elle est toujours à la recherche de sa mère, Apollonia qui a quitté le domicile conjugal brutalement et sans raison apparente lorsque Magdanela avait onze ans. Peu de temps après, Isidore, le père de la jeune fille est à son tour parti « refaire sa vie » la laissant avec ses grands- parents, Marcelle et Michelle. Se sentant seule, brisée par l’absence de sa mère, ce n’est que dans le théâtre que Magdanela trouve un peu de réconfort en jouant notamment le rôle d’Antigone.
Tout bascule le jour où elle apprend, 30 ans après sa disparition inexpliquée, qu’on a retrouvé Apollonia et qu’elle vit dans une modeste maison dans le sud-ouest au bord d’un canal. Comment vont se dérouler ces retrouvailles tant attendues ? Ce roman bouleversant est avant tout le voyage intérieur d’une fille puis d’une femme marquée par un passé traumatique. Ce mêlent dans le récit les vies rêvées avec la vie réelle. Cette rencontre tant espérée avec sa mère met en lumière des secrets de famille douloureux. Un récit sur la réconciliation écrit avec finesse et délicatesse au plus près des émotions.

S'il n'en reste qu'une (Patrice Franceschi)

note: 5Un témoignage indispensable et bouleversant ! Guy, bibliothécaire - 17 novembre 2021

Rachel Casanova la narratrice, grande reporter australienne pour le journal « Sydney match » est chargée par son patron d’enquêter sur les guerrières kurdes qui se battent pour la liberté et la laïcité de leur pays le kurdistan syrien qui s’appelait autrefois le Rojava. Intriguée par un cimetière militaire à Kobané qui a été profané, elle découvre le tombeau de deux combattantes enterrées ensemble qui s’appellent Tékochine et Gulistan. Elles sont mortes semble-t-il en voulant protéger les civils contre Daech dans des circonstances très particulières qui ont marqué les esprits. Elle décide de raconter le destin de ces deux sœurs d’arme entre 2014 et 2019 et à travers elles de rendre hommage à toutes ces femmes héroïques.
Un récit haletant, passionnant, émouvant à travers l’histoire de trois femmes confrontées à leur destin et à la noirceur de la condition humaine.

Fantaisie allemande (Philippe Claudel)

note: 5Brillant ! Guy, bibliothécaire - 23 juin 2021

Dans ce recueil, l’auteur nous livre cinq nouvelles qui se font échos.
Elles ont été écrites entre 2016 et 2020 et les points communs sont l’Allemagne, la seconde guerre mondiale et la mort. Il décrit cinq personnages pris dans la tourmente de l’histoire : un déserteur, les premiers émois amoureux d’un jeune homme, le destin ambigu d’un peintre expressionniste, un pensionnaire dans une maison de retraite qui ressasse son passé et une petite fille miraculée. J’ai retrouvé l’écriture brillante de l’auteur notamment dans la première nouvelle qui est un petit bijou. Ces textes courts permettent de s’interroger sur la mémoire individuelle et collective, la culpabilité et la responsabilité des hommes au cours de la seconde guerre mondiale.

Ce matin-là (Gaëlle Josse)

note: 5Un matin pas comme les autres... Guy, bibliothécaire - 23 juin 2021

Clara est une battante qui possède à 35 ans tout ce qu’une femme peut rêver : un amoureux aux petits soins, un métier à responsabilités et bien rémunéré, un bel appartement et des parents attentifs. Pourtant, un matin tout ce bel univers s’effondre. Suite à une panne de voiture plutôt anodine, Clara plonge dans le néant. Avec toute sa sensibilité et les mots justes, Gaëlle Josse décortique toutes les étapes du burn out dont est victime son héroïne. Une histoire banale de nos sociétés contemporaines magistralement mise en mot par une Gaëlle Josse très inspirée. Elle s’approche au plus près des sentiments de son personnage et nous montre la complexité de la dépression.
Un roman écrit avec justesse, tout en nuances, à lire absolument !

Les enfants sont rois (Delphine de Vigan)

note: 5Les réseaux sont rois Guy, bibliothécaire - 23 juin 2021

Dans cet ouvrage qui est à la fois un policier et un roman d’anticipation, elle décrit l’aspect inhumain de notre monde 2.0. Mélanie est une jeune femme qui à défaut d’avoir connu la célébrité via la téléréalité va utiliser ses propres enfants Sammy et Kimmy pour gagner beaucoup d’argent. Dès leur plus jeune âge elle va les filmer et les mettre en scène sur les réseaux sociaux en dévoilant tout de leur vie privée. Cette surexposition serait-elle à l’origine de la disparition de Kimmy ? Delphine de Vigan que l’on imagine très documentée sur le sujet traite avec beaucoup de réalisme des dérives d’internet et de leurs conséquences.
En décrivant la folie de cet engrenage virtuel, elle dresse un véritable plaidoyer pour le respect des droits de l’enfant.

La Datcha (Agnès Martin-Lugand)

note: 4Entrez, et laisser vous charmer par la Datcha Guy, bibliothécaire - 23 juin 2021

La datcha est une ferme rénovée dans le Lubéron par Jo et Macha pour en faire un charmant hôtel. Ce lieu chaleureux où les vacanciers apprécient de s’y ressourcer est le Personnage central autour duquel tournent la vie et l’intrigue de ce roman. Hermine, jeune femme de 21 ans écorchée vive et en errance va tomber sous le charme de cet hôtel et va se faire adopter par ses propriétaires. Au fil du récit elle va découvrir cette bâtisse chargée d’une histoire familiale d’exception où rodent les fantômes du passé. Nous allons partager ses doutes, ses choix et ses sentiments. L’auteure a une plume très douce, très humaine, qui permet d’imaginer le décor et d’être transporté en quelques phrases.
Un roman à découvrir, positif et facile à lire.

Em (Kim Thúy)

note: 5Kim Thuy saisit la beauté partout .... Guy, bibliothécaire - 23 juin 2021

Ce roman m’a bouleversé. Le récit est un peu déroutant au départ, les chapitres très courts semblent ne pas avoir de liens pourtant, en 150 pages Kim Thuy évoque de manière épurée et subtile tout le contexte de la guerre d’Indochine puis du Vietnam.
Par touches, rien n’est occulté de la tragédie de cette guerre : les plantations d'hévéas, l'exploitation des coolies et le droit de cuissage, le massacre de My Lai en 1968, le recours à l'épandage d’agent orange mais aussi l'opération Babylift de 1975 où des milliers d'orphelins vietnamiens vont être transférés aux Etats Unis puis adoptés par des Américains. Malgré ce contexte lourd et souvent dramatique, Em est un roman tourné vers la vie. Les réalités les plus dures sont dites sans colère, ni haine. C’est peut-être l’influence de la philosophie bouddhiste ? Proche du conte, ce roman envoûtant distille malgré les drames un charme et une sagesse qui ne peuvent que toucher.

La chair du tigre (Zoltan Mayer)

note: 5Un voyage sensoriel Guy, bibliothécaire - 23 juin 2021

Luxi Ming âgée de douze ans a quitté Pékin avec son père et sa mère pour s’installer à Nice. Cette jeune chinoise surdouée se délecte de la langue française. Elle est vite confrontée à la méchanceté de Jade, une de ses camarades de classe qui est intriguée par son côté décalé. Luxi évacue cette violence qui s’exerce sur elle grâce à une sagesse et à un univers qui lui sont propre. L’auteur nous fait pénétrer dans le monde intérieur de Luxi où son imaginaire est constitué de métaphysique et d’esthétique.Un premier roman original et émouvant où se confrontent des cultures et des personnalités bien différentes.

La grande épreuve (Etienne de Montety)

note: 5 Un excellent roman, captivant et puissant Guy, bibliothécaire - 23 juin 2021

Ce roman est librement inspiré de l’assassinat du père Hamel le 26 juillet 2016 en l’église Saint-Etienne de Rouvray. L’auteur nous fait découvrir le parcours de quatre hommes et d’une femme qui souhaitent donner un sens à leur vie et parfois pour certains d’entre eux jusqu’à l’extrême. Les chapitres s’organisent autour d’eux, de leurs choix. Nous découvrons leur milieu d’origine, leur recherche spirituelle mais également leurs doutes. Se dessine au fil du récit des catholiques qui constatent la perte de vitesse de leur religion dans la société française, des jeunes musulmans en révolte à la recherche d’une identité et un policier confronté à la violence quotidienne. Sans jamais tomber dans la caricature ce livre qui a reçu en 2020 le Grand prix du roman de l’académie française fait un état des lieux des incompréhensions qui menacent notre démocratie.

Les fleurs de l'ombre (Tatiana de Rosnay)

note: 5 Une histoire très intrigante, qui nous tient en haleine jusqu'au bout ! Guy, bibliothécaire - 13 mars 2021

Nous sommes en 2034. Clarissa vient de quitter François, son deuxième mari, pour des raisons que l’on découvrira à la fin du roman. Elle se réfugie dans un appartement luxueux et ultra moderne à Paris avec vue imprenable sur les quartiers démolis suite à l’attentat perpétré par des drones. Clarissa espère dans cet espace privilégié et protégé pouvoir écrire un nouveau livre. Pourtant, face à un univers extérieur inquiétant sa résidence réservée aux artistes (la CASA) ne s’avère pas un havre de paix. Elle se sent observée, prisonnière et sous la coupe d’une assistante virtuelle envahissante qu’elle a baptisée Mrs Dalloway qui peu à peu amoindrit sa liberté individuelle.
J’ai apprécié les réflexions concernant le travail d’écriture et les nombreuses références littéraires qui hantent ce livre, notamment Virginia Woolf et Romain Gary. Nous retrouvons aussi le thème de prédilection de l’auteur à savoir l’empreinte des lieux sur les individus.

Un crime sans importance (Irène Frain)

note: 5Une enquête, qui mêle l’intime et le social... Guy, bibliothécaire - 13 mars 2021

Dans ce récit autobiographique, Irène Frain évoque le crime passé sous silence dont a été victime Denise, sa sœur aînée.
Cette discrète septuagénaire, une « invisible » dans notre société actuelle, a été sauvagement agressée à la fin de l’été 2018 dans son pavillon situé dans la banlieue parisienne et sept semaines après a succombé à ses blessures. L’auteure n’avait plus de contact avec Denise depuis des années et ses enfants ne l’ont pas informé de l’agression. Aussi elle a voulu en savoir plus sur les circonstances de la mort de sa sœur et elle a constaté que l’enquête a été bâclée. Pourquoi, quatorze mois après le drame, le policier responsable des investigations n'a-t-il toujours pas rendu son rapport, bloquant ainsi la nomination d'un juge d'instruction ? Lassée par ce mutisme familial et judiciaire Irène décide de se rendre sur place pour mener sa propre enquête. Parallèlement, en hommage à sa sœur et pour ne pas qu’elle tombe dans l’oubli, elle décide d’écrire.
Cet ouvrage est plus un témoignage sur un tragique fait divers qu’un roman. Les évènements sont relatés avec délicatesse et nuances, ils démontrent les dysfonctionnements de la police et de la justice ainsi que le peu d’importance que la société accorde aux séniors.

Oeuvre non trouvée

note: 5Vigilance !?! Guy, bibliothécaire - 13 mars 2021

Gaspard, jeune analyste financier d’une grande société aux intérêts multiples se retrouve victime d’un piratage informatique. En téléchargeant une pièce jointe, il a permis à des pirates de s’infiltrer dans tout le réseau de l’entreprise. Toutes les correspondances professionnelles se retrouvent accessibles à tous générant de nombreux conflits. Non seulement cette fuite d’information compromet l’existence de son entreprise mais livre aussi sa vie privée.
L’intérêt de ce roman, qui est tiré d’une expérience vécue par l’auteur, est de s’interroger sur la gestion de nos boites mails. Celles-ci contiennent des données qui peuvent paraître anodines mais ces messages personnels ou administratifs s’ils sont exposés aux yeux de tous peuvent avoir de graves conséquences.
Soyons vigilants sur les données numériques qui nous concernent !

Histoire du fils (Marie-Hélène Lafon)

note: 5Qu'est-ce qu'une vie ? Guy, bibliothécaire - 13 mars 2021

D’avril 1908 à avril 2008, Marie [ajouter]-Hélène Lafon raconte trois générations d’une famille de la petite bourgeoisie provinciale. Sans chronologie et à partir de dates marquantes, elle nous fait partager le destin de chacun de ses personnages. Au centre de son récit elle a placé André le fils d’un père inconnu et de Gabrielle, une mère absente. Le premier chapitre est un pur enchantement, il décrit la découverte du monde qui l’entoure par un enfant âgé de cinq ans.
Ce livre pose la question du poids des ancêtres et leur influence sur les générations suivantes. Les secrets de famille, les silences, les fantômes peuvent ronger en profondeur et changer la trajectoire d’une existence. Mais au fond qu’est-ce qu’une vie, deux dates sur une pierre tombale ?

La vie ordinaire (Adèle Van Reeth)

note: 4Inclassable ! Guy, bibliothécaire - 13 mars 2021

La vie ordinaire qui nous concerne tous constitue le sujet principal de ce livre. L’auteure va faire de son existence un véritable terrain d’observation et citer de nombreux philosophes qui ont réfléchi sur ce thème. Elle s’interroge sur sa propre relation à l’ordinaire, que nous confondons trop souvent avec le quotidien. Quelle est la différence entre être et exister ?
Si le sujet est vaste et propice à de grandes réflexions, l’auteure n’hésite pas à y mêler des situations cocasses du quotidien permettant au lecteur de s’identifier.
Cet ouvrage est inclassable, ce n’est pas un roman, ni un traité philosophique. Il s’agit plutôt d’un récit autobiographique qui montre comment une femme tente d’accorder sa vie sensuelle, familiale, intellectuelle pour donner un sens à son existence au-delà des répétitions pourtant nécessaires et inévitables.

Mémoire de soie (Adrien Borne)

note: 5Le secret de la mère Guy, bibliothécaire - 13 mars 2021

Le 9 juin 1396, Emile âgé de vingt ans arrive à la caserne de Montélimar pour effectuer ses deux années de service militaire. Le matin, lorsqu’il a quitté la magnanerie, Suzanne sa mère sans effusion particulière a glissé le livret de famille dans son baluchon. Elle sait qu’il en aura besoin lors de son incorporation, elle sait aussi qu’il va découvrir un secret de famille dont elle n’a jamais osé lui parler…Un premier roman brillant, habilement construit avec un rythme maîtrisé qui alterne les points de vue et les époques. Une écriture très visuelle qui pourrait être facilement mise en scène avec une tension dramatique qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. A découvrir absolument !

Oeuvre non trouvée

note: 5Un roman passionnant et documenté Guy, bibliothécaire - 11 décembre 2020

Ce récit s’ouvre sur un drame, le décès en couches d’Ada. Alexandre son compagnon, le père de la petite Sophie parvient à se reconstruire grâce à l’aide précieuse de sa voisine Sandra, libraire et féministe. A travers leurs échanges, leurs expériences et leurs rencontres nous explorons le couple moderne dans son intimité. Plusieurs thèmes sont abordés : les dangers de la maternité, la rencontre amoureuse via un site internet, le choix d’avoir des enfants ou pas, d’avoir des relations sexuelles ou d’être abstinent, d’adopter, de faire appel à la gestation pour autrui.
Se pose aussi la question de l’aspect marchand de la reproduction. Les personnages sont très incarnés.
Ce roman permet d’alimenter la réflexion sur la fabrication du duo amoureux et sur la difficulté de vivre à deux dans la durée. Il interroge aussi sur la liberté des femmes à disposer de leur corps.
Un roman passionnant et documenté servit par une plume élégante. Alice Ferney pose les bonnes questions sans apporter des réponses toutes faites. Elle explore sans juger les côtés clairs et obscurs de l’âme humaine.

Les émotions (Jean-Philippe Toussaint)

note: 4Variations sur le sentiment amoureux Guy, bibliothécaire - 11 décembre 2020

La succession de longues scènes assez lentes m’a un peu dérouté au début de ma lecture. Mais l’écriture minutieuse et élégante m’a encouragé à suivre les états d’âme de Jean [ajouter] Detrez, le personnage principal. Ce haut fonctionnaire de retour du Japon apprend que son père vient de décéder. Les obsèques sont propices à l’introspection et aux émotions. Les souvenirs se bousculent ceux qui ont marqué la relation avec son père fonctionnaire européen comme lui mais aussi les émois amoureux. Ce sont les détails de ces moments intimes qui donnent de l’intérêt à ce roman. L’auteur apprécie semble-t-il les digressions et emprunte volontiers des chemins de traverse guidé par des associations d’idées. Loin de la chronologie, le récit est éclaté : on passe d’un colloque de projectivistes, au deuil du père en passant par l’architecture de Bruxelles puis à la fin de sa relation avec Diane, son épouse et enfin l’histoire s’achève avec l’irruption du volcan islandais Eyjafjoll en 2010.
Plutôt qu’une intrigue, il s’agit de variations sur le sentiment amoureux où l’auteur nous rappelle que l’essentiel de notre vie échappe aux prévisions.

Nature humaine (Serge Joncour)

note: 5Un superbe roman d’apprentissage, instructif et actuel Guy, bibliothécaire - 12 novembre 2020

Nous sommes dans le Lot, au début des années 70. Alexandre est le seul garçon d’une famille d’éleveur bovin. Comme le veut la tradition, il va reprendre la ferme. Il n’a pas le choix. Ses trois sœurs ne rêvent que de partir, de quitter la campagne pour aller s’établir en ville. Elles symbolisent l’exode rural très en vogue à cette époque. Alexandre pense pouvoir poursuivre son activité d’éleveur sans trop de changement. Il prend soin de ses bêtes. Malheureusement, Alexandre ne va pas pouvoir résister à la modernisation et à la mondialisation de sa profession.
A travers le regard d’Alexandre de son enfance jusqu’à sa liaison à l’âge adulte avec Constanze nous assistons en trente ans au bouleversement de sa profession mais également aux changements politiques avec l’avènement de la gauche au pouvoir. Il est le témoin des luttes politiques violentes contre le nucléaire et les infrastructures routières qui dégradent l’environnement. Selon lui, les catastrophes naturelles qui se multiplient sont le résultat du divorce entre les habitants de la planète et la nature qui les nourrit.

Erika Sattler (Hervé Bel)

note: 5Passionnant Guy, bibliothécaire - 12 novembre 2020

Nous sommes en janvier 1945 en Pologne. L’armée allemande est en déroute pourchassée par les Russes. Erika est membre de la jeunesse hitlérienne. Elle est aussi l’épouse d’un SS. Elle est convaincue du triomphe du nazisme. En attendant elle est obligée de fuir...
L’auteur dresse le portrait d’une femme prise dans la tourmente de l’histoire. Par moment elle peut paraitre antipathique mais elle a un idéal qui la maintient en vie et fait sa force.
Le roman est sombre, il m’a rappelé par son réalisme « Les bienveillantes » de Jonathan Littell. Malgré des passages souvent insoutenables qui démontrent à quel point l’être humain peut s’habituer au pire l’auteur parvient à nous donner envie d’aller au bout de cette histoire d’aveuglement.

Le monde du vivant (Florent Marchet)

note: 5Un premier roman réussi Guy, bibliothécaire - 14 octobre 2020

Jérôme et Marion sont deux citadins qui ont quitté Orléans pour s’installer à la campagne. Avides d’une vie nouvelle ils sont plein d’espoir et apprécient leur sensation de liberté au contact avec la nature. Jérôme s’est lancé dans le bio, il est happé par son travail harassant qui ne lui permet pas de profiter de ses enfants. Il est parfois brutal et heureusement Marion arrondit les angles. Solène âgée de 14 ans et son petit frère ont des préoccupations bien éloignées du monde agricole. Solène nous fait partager ses premiers émois, ses doutes et ses peurs. L’arrivée du WWoofer Théo, végan, et écolo radical déstabilise Jérôme et met en danger l’équilibre familial. Cette confrontation entre Jérôme et Théo permet à l’auteur d’aborder le problème de la mondialisation et de l’agriculture en France.
Un premier roman très réussi, agréable à lire grâce à une écriture délicate et juste.

Les roses fauves (Carole Martinez)

note: 5Poétique et inclassable Guy, bibliothécaire - 14 octobre 2020

Dans un petit village de Bretagne, Lola Cam tient le bureau de poste. Elle est boiteuse et cette infirmité l’a toujours tenue à l’écart de ses congénères. Elle vit seule et sa passion c’est l’entretien de son jardin attenant à son logement de fonction. Sa vie va être bouleversée par l’arrivée de Carole Martinez. L’auteure est venue en résidence dans ce village guidée par une carte postale ancienne dans le but d’écrire un nouveau roman. L’auteure va se lier d’amitié avec Lola, ensemble dans l’imposante armoire bretonne elles vont découvrir les secrets contenus dans l’un des cinq cœurs cousus par les ancêtres femmes de lola. Elles vont dépasser l’interdiction de lire ces précieux bouts de papier et mettre en lumière la vie d’Inès Dolorès.
Ce récit nous emporte, l’écriture de Carole Martinez est pleine de poésie, de finesse mais parfois elle peut être crue et sauvage. Elle nous parle avec émotion de destins de femmes, d’amour, de vie et de mort. Elle s’interroge sur notre marge de liberté dans une existence souvent guidée par les générations qui nous ont précédés. J’ai apprécié ses réflexions sur son travail de création. Elle se joue de nous et ce roman peut parfois dérouter en alternant entre le réel et le conte merveilleux. Il faut se laisser faire et suivre la plume très inspirée de l’auteure.

Pietra viva (Léonor de Récondo)

note: 5Sublime moment littéraire Guy, bibliothécaire - 13 mai 2020

Michel-Ange, âgé de 30 ans en cette année 1505 est un sculpteur déjà reconnu pour sa Piéta. Afin d’édifier le tombeau du pape Jules II, il se rend à Carrare pour débusquer au cœur des montagnes les marbres les plus somptueux. Touché par le décès brutal de son ami Andrea, le sculpteur a tendance à se replier sur lui-même et à se consacrer uniquement à son travail. Pourtant son caractère tourmenté et solitaire va être mis à mal par les rencontres et les liens multiple qu’il va tisser au cours de son séjour qui durera 6 mois. Il va être notamment touché par Michele, un petit orphelin de mère âgé de 6 ans qui va l’aider à extirper des émotions enfouies.
C’est la force de ce roman de révéler la personnalité de Michel-Ange, ses nombreuses failles mais également son génie artistique. L’écriture est belle et poétique, elle nous transporte. Chaque mot est à sa place, les phrases sont finement ciselées.
Ce roman d’une infinie délicatesse montre à quel point l’amour et l’amitié, si on sait les accueillir, peuvent redonner confiance et faire grandir.

Oeuvre non trouvée

note: 5Renaitre à soi-même ! Guy, bibliothécaire - 10 mars 2020

Léonor de Récondo dresse avec beaucoup d’élégance le portrait d’une femme née dans la peau d’un homme. Elle nous raconte le tourment qui l’habite, sa ténacité, ce besoin irrépressible de changement. Cette "transformation" de Laurent en Lauren va immanquablement bouleverser sa vie, celle de sa femme, de ses enfants et plus largement de son entourage. L’auteure donne la parole à chacun des protagonistes, leurs points de vue apportent de la densité à ce récit qui est loin des clichés et de la vulgarité.
Ce roman écrit avec fluidité, finesse et délicatesse traite avec une grande justesse de l'identité sexuelle et du courage d'être soi malgré l’adversité.

Louvre (Josselin Guillois)

note: 4Premier roman prometteur Guy, bibliothécaire - 18 décembre 2019

Voici un roman plaisant qui nous replonge dans l’atmosphère de la seconde guerre mondiale à travers le journal intime de trois femmes. Elles ont toutes les trois un lien avec Jacques Jaujard, le directeur du musée du Louvre. Il va avoir la lourde charge du déménagement des œuvres du musée au fur et à mesure de l’avancée des troupes allemandes. Marcelle, son épouse va l’aider dans ce projet démentiel. Elle a une obsession malgré le chaos provoqué par la guerre c’est d’avoir un enfant de Jacques. Carmen Leloup est une adolescente, ses parents sont conservateurs au musée Ingres, dans le Tarn et Garonne, ils vont réceptionner certaines collections. Carmen observe tout cela avec son regard de jeune fille. Quant à Jeanne Boitel, comédienne, elle va avoir la lourde tâche de répertorier les œuvres réquisitionnées par les nazis et d’en informer la résistance.
L’intérêt de ce roman est de rappeler l’action courageuse et exemplaire de Jacques Jaujard qui a su anticiper dès le mois d’août 1939 l’invasion allemande et organiser le déplacement des œuvres en fonction de l’avancée des troupes. Grace à lui et à tous ceux qui l’ont suivi, les collections ont pu être sauvegardées des bombardements et de la convoitise de l’occupant. Josselin Guillois, est très bien documenté et je me suis demandé en lisant son ouvrage quelle était la part de fiction et de réalité dans son récit. Il a su également se mettre dans la peau de trois femmes. Ce premier roman est vraiment agréable à lire et prometteur.

La chaleur (Victor Jestin)

note: 5Percutant Guy, bibliothécaire - 18 décembre 2019

Léonard, jeune homme âgé de 17 ans s’ennuie dans la chaleur de l’été. Il est au camping dans les Landes avec ses parents, son frère et sa sœur. Introverti, mal dans sa peau, étranger au monde qui l’entoure, il n’arrive pas à s’amuser et encore moins à aborder les filles. Pourtant Luce lui plait mais il ne peut pas lutter contre Oscar, le beau gosse qui l’a embrassée. Aussi, lorsqu’il aperçoit Oscar ivre mort en train de s’étrangler avec les cordes d’une balançoire, il assiste à cette scène sans lui porter secours. Pire, il va même déplacer le corps et l’enterrer sur la plage ! En 17 ans, Léonard n’a pas fait de grosse bêtise, là il rattrape le temps perdu ! La culpabilité va-t-elle le conduire à se dénoncer ? La force de ce court premier roman réside d’abord dans l’écriture qui est fluide et percutante. Le rythme soutenu nous pousse à ne pas lâcher le livre, à savoir comment il va finir.
Victor Jestin restitue à la perfection la psychologie de son personnage et la charnière dans la vie que constitue l’adolescence. Cette alternance entre légèreté et gravité rythmée par les pulsions sexuelles est très bien rendue. L’atmosphère artificielle de fête qui règne dans le camping complète à la perfection ce tableau mélo dramatique.

Le plus fou des deux (Sophie Bassignac)

note: 5Jubilatoire Guy, bibliothécaire - 18 décembre 2019

Voilà un roman jubilatoire qui m’a conquis. Je ne connaissais pas l’auteure mais je suis tombé sous le charme de sa plume incisive qui fait mouche. L’histoire n’est pas banale, un homme dit à une femme dans un cinéma qu’il a envie de se suicider et lui demande ce qu’elle pourrait faire pour l’en dissuader. J’ai apprécié ce roman parce qu’il parle de secrets de famille, de l'enfance, de culpabilité, du deuil mais aussi de désir de vengeance. On s’attache à Lucie, cette « anti-héroïne » dont la vie personnelle est tout sauf simple. Sophie Bassignac nous fait découvrir avec délectation une profession dont on ne sait rien qui repose sur l'illusion, la magie et la manipulation... Théodora, la marionnette qui dort dans une boite lorsqu’elle n’est pas sous les projecteurs crée le trouble. Par son aspect ni tout à fait humain, ni tout à fait objet ses apparitions sont envoutantes. Voilà un roman original, captivant, très bien ficelé et malin que j'ai pris énormément de plaisir à lire.

Les fillettes (Clarisse Gorokhoff)

note: 5La plume est inimitable, à la fois poétique et directe Guy, bibliothécaire - 5 novembre 2019

Rebecca est une femme âgée à peine d’une trentaine d’année, depuis son enfance elle est habitée par la peur : peur de la vie ou de la mort ? Des autres ou d’elle-même ? Pour calmer cette angoisse existentielle, dès l’adolescence elle va se faire des cocktails de médicaments, rien de plus facile son père est pharmacien ! Puis en vieillissant elle va compléter cette addiction avec la drogue et l’alcool. C’est d’ailleurs en consultant une psychologue qu’elle va rencontrer son mari. En effet, Marina la mère d’Anton, reçoit de temps en temps Rebecca et essaye de l’aider à sortir de ses addictions. Anton est tout de suite tombé amoureux, il savait qu’avec elle il aurait « la vitesse et l’ivresse ». Ensemble, ils ont eu rapidement trois fillettes et Anton a espérer secrètement que ses filles sauveraient sa femme. En créant la mère pourrait-il réparer la femme ? Ce roman merveilleusement bien écrit est poignant. Mais ce roman est loin d’être larmoyant bien au contraire, il y a beaucoup d’amour, de vie dans ce récit. Il n’est pas facile de vivre en société, il émane de cette famille hors norme un grain de folie, une liberté qui font du bien.

Les yeux rouges (Myriam Leroy)

note: 5Une femme seule Guy, bibliothécaire - 22 octobre 2019

Denis, un internaute prend contact sur facebook avec une journaliste chroniqueuse sur une radio publique. Habituée à être contactée par des auditeurs, elle ne se méfie pas. Il faut dire que l’approche est habile et d’apparence inoffensive. Puis au fil des échanges, les choses prennent une toute autre tournure. Pourtant, elle ne fait rien pour encourager la discussion, elle reste distante. Denis a senti que l’animatrice était plutôt du genre à se laisser faire et ne pas savoir comment se défaire d’un gêneur. Donc la cible idéale pour un prédateur de son espèce car Denis est l’animateur d’un compte facebook où il se fait appeler « Denis la menace ». J’ai aimé ce roman parce qu’il en dit long sur notre époque et sur la dérive des réseaux sociaux. Internet est la porte ouverte au meilleur comme au pire. Myriam Leroy démonte les rouages d’un piège pas si virtuel que ça et nous met en garde. Elle le fait souvent avec humour malgré la gravité de la situation.

Les choses humaines (Karine Tuil)

note: 5Brillant Guy, bibliothécaire - 15 octobre 2019

Cinq personnages principaux constituent la trame de ce roman : Claire Farel, brillante intellectuelle féministe, Jean son ex-mari, journaliste politique vedette de la télévision, leur fils Alexandre étudiant brillant promis à un bel avenir et enfin Adam Widman, le nouveau compagnon de Claire et père de Mila.
Karine Tuil à travers eux brosse un portrait d’une certaine France contemporaine, celle du monde du pouvoir et des élites intellectuelles. Son analyse est fine, souvent critique et mordante. Au fil du récit porté par une écriture précise et dense la tension monte. Elle ajoute au fur et à mesure des éléments qui font que l’on ne peut plus lâcher le roman. J’ai beaucoup aimé ce récit parce qu’il parle du destin et des rapports de pouvoir dans la société mais également dans la sphère privée. L’écriture est magistrale, elle est vive, ne laisse jamais de répit. Fiction et réalité se mélangent admirablement. Karine Tuil a l’art de saisir notre monde actuel dans sa vérité mais aussi dans sa cruauté. Elle démonte les mécanismes de la machine judiciaire et dresse un sévère constat de l’ambition, du pouvoir et des réseaux sociaux.

Jour de courage (Brigitte Giraud)

note: 3Petite déception Guy, bibliothécaire - 1 octobre 2019

Ce roman manque à mon goût de respiration et de rythme. J’ai l’impression que Brigitte Giraud a mis dans son ouvrage tous les sujets à la mode qui lui feront peut-être accéder à la liste des nominés pour les prix littéraires. Dommage, c’est un écrivain que j’aime beaucoup et c’est la première fois que je suis déçu non pas par l’écriture qui est toujours aussi fluide mais par le sujet abordé et son traitement.

Jacques à la guerre (Philippe Torreton)

note: 4Mon père, ce héros ordinaire Guy, bibliothécaire - 16 juillet 2019

Acteur de théâtre et de cinéma, Philippe Torreton est aussi écrivain. Après « Mémé », dans son dernier roman il donne la parole à Jacques, son père. Il privilégie deux grands moments de son passé : la Seconde Guerre mondiale et la guerre en Indochine, qui expliquent le choix du titre. Il se substitue à son père et invente ou reconstitue son passé. Ce qui donne un texte à la fois réaliste et bouleversant. Pré-adolescent, Jacques va vivre les bombardements à Rouen et avec ses yeux d’enfant il va assister à la destruction de sa ville par les alliés anglais. Imprégné par la guerre, il va ensuite s’engager pour l’Indochine. Dans les deux cas, il va assister à la folie humaine et à ses conséquences tragiques.
Philippe Torreton dresse le portrait d’un homme simple, confronté malgré lui à la violence de son temps.
La construction de ce roman est subtile et proche du montage au cinéma parce que la linéarité chronologique n’est qu’apparente. Dès le début, l’auteur fait des va-et-vient entre Rouen occupée et l’Indochine. À cela s’ajoute la voix intérieure bouleversante de Jacques qui apparait dans plus de dix chapitres en italique et qui exprime avec sobriété ses dernières pensées de mourant sur son lit d’hôpital. Un hommage tendre et nostalgique à une époque disparue.

Oeuvre non trouvée

note: 4Une toile de maître au coeur de deux récits Guy, bibliothécaire - 16 juillet 2019

Gaëlle Josse nous plonge au XVIIe siècle, en Lorraine, au cœur de la Guerre de Trente ans. Cet hiver 1639 est particulièrement rude, en plus de la guerre les villageois doivent affronter la peste. Cette période sombre est éclairée par le regard du peintre Georges de la Tour que l’on découvre en pleine création dans son atelier qui est un véritable havre de paix. Il peint Saint Sébastien alité lorsqu’ Irène et sa servante, se penchent gravement sur lui pour lui retirer une flèche à la lueur d’une lanterne.
Comme modèle du visage d’Irène, le peintre choisit sa fille Claude. Deux voix se succèdent dans ce récit, celle du peintre lui-même et celle de Laurent, un apprenti, orphelin, rescapé de la peste et recueilli par la famille de la Tour. Il est secrètement amoureux de Claude, la fille du maitre. Nous découvrons un artiste reconnu, passionné de son art, intransigeant et sévère.
Au printemps 2014, dans un musée de province, une jeune femme s’arrête devant la toile de Georges de La Tour et soudain des souvenirs d’un amour enfoui remontent. Gaëlle Josse tisse les deux époques mais j’ai trouvé que son imaginaire est plus riche au XVIIe siècle qu’il ne l’est au XXIe. Reste malgré tout que ce tableau illumine le livre et change le destin des protagonistes. Ce roman parle aussi d’amour et de passion. Gaëlle Josse m’a une fois de plus impressionné par son écriture douce, sensible et raffinée.

Féroces infirmes (Alexis Jenni)

note: 5Une guerre qui change un homme, une famille, un pays... Guy, bibliothécaire - 27 juin 2019

L’auteur qui a reçu le Prix Goncourt en 2011 pour son premier roman « L’art français de la guerre », donne la parole alternativement à deux générations : celle du père et celle du fils. Au début des années 60, le père, jeune appelé, a participé à la guerre d'Algérie dans les commandos, puis dans la clandestinité avec l'OAS. Il n'est pas revenu indemne de cette guerre étrange. Violent, raciste proche de l’extrême droite, il a vécu l'immigration en provenance du Maghreb comme une invasion. Le fils que l’on retrouve en 2015 dans une cité de banlieue a des contours plus flous. Il subit les humeurs de son père devenu infirme tout en veillant sur lui. C’est un livre très bien écrit qui raconte avec beaucoup de réalisme comment la guerre d’Algérie a détruit les combattants des deux bords et engendré une incompréhension et une haine qui perdurent encore. Un livre de colère et de fureur atténuées par un beau portrait de femme qui apaise cet univers virile.

Le jour où la Durance (Marion Muller-Colard)

note: 4Un livre bouleversant Guy, bibliothécaire - 27 juin 2019

L’auteure nous conduit sur le cheminement de la pensée de Sylvia durant les quatre jours qui précédent l'enterrement de son fils Bastien. Depuis sa naissance Bastien n’a jamais pu parler ni adresser un regard à quiconque. Pendant plus de trente ans, Sylvia s'est occupée de lui nuit et jour. Son plaisir était de l’emmener se promener le long de la Durance dans son fauteuil roulant. Ce roman aborde la question du handicap, de l’accompagnement, du deuil mais également de l’amour maternel. Il évoque aussi la manière dont les habitants de la région ont perçu la création du barrage de Serre-Ponçon. Pour certains comme les parents de Sylvia, ce barrage a été vécu comme un traumatisme parce qu’il a entrainé l’inondation et la disparition de nombreux villages. Marion Muller-Colard, décrit froidement mais avec une grande sincérité les émotions de ses personnages. Elle nous fait partager la souffrance de Sylvia face à la perte de son enfant mais aussi ses difficultés à communiquer avec son mari et leur fille. Heureusement, son amie Malika et le prêtre lui apportent une aide positive et la soutiennent dans sa peine.

Après Constantinople (Sophie Van der Linden)

note: 5L’auteure est une conteuse formidable Guy, bibliothécaire - 17 mai 2019

Au début du XIXe siècle, un peintre français Georges-Henri François, venu en Orient pour récupérer des fustanelles, et une Sultane tissent des liens complexes. Le premier est assigné à résidence jusqu'à la production d'œuvres exigées par cette dernière. Malgré ses efforts et la multitude des paysages qui s'offrent à lui, l'artiste ne trouve pas l'inspiration. Il faudra tout le charme de l'énigmatique Sultane pour qu'elle se libère. J’avoue que j’ai été un peu dérouté par ce roman.
Après « La fabrique du monde », « L’incertitude de l’aube » et « De terre et de mer », j’attendais un récit plus intense avec des personnages attachants.
Je me suis tout de même laissé entraîner par l’écriture poétique et envoutante de l’auteur, par ce voyage en Orient qui se contemple comme un tableau de maître.

La nuit se lève (Élisabeth Quin)

note: 5Un témoignage vif, enlevé et souvent drôle Guy, bibliothécaire - 17 mai 2019

Elisabeth Quin, journaliste sur Arte est atteinte d’un glaucome. Dans son ouvrage, elle fait part de son combat pour repousser la perte inéluctable de la vision. Elle décrit le changement de son quotidien et son adaptation à la maladie. Elle témoigne de son parcours parfois avec humour, brocardant au passage certains médecins qui manquent souvent de compassion. Mais elle dépasse aussi son cadre personnel en s’interrogeant sur l’identité des non-voyants à travers de nombreuses références littéraires. Les chapitres sont courts, elle ne tombe jamais dans le pathos et utilise souvent l’autodérision. Pourtant le propos est grave et la souffrance bien présente. Un récit original, bien écrit même si parfois certains passages donnent l'impression d'un assemblage de notes sur les artistes et autres personnalités aveugles. Malgré tout, cet ouvrage est empreint d’une grande sagesse face à la progression du handicap. Même diminuée, la vie vaut la peine d’être vécue...

Marthe ou les beaux mensonges (Nicolas d' Estienne d'Orves)

note: 5Un portrait haut en couleur, sensible et truculent Guy, bibliothécaire - 9 avril 2019

Marthe Richard a connu une existence hors du commun. Elle a improvisé sa vie en fonction du cours de l’histoire, des rencontres et des évènements. Estienne d’Orves a tiré de cette vie hors norme une biographie romanesque sensible et joyeuse sans obsession de la vérité parce que Marthe a toujours brouillé les pistes. Son existence fut un festival de violence, de passions, de déceptions, de victoires et de défaites. Une vie de combat. Combat pour les femmes bien sûr mais surtout pour elle-même.

Une jeunesse en fuite (Arnaud Le Guern)

note: 5Un beau roman Guy, bibliothécaire - 9 avril 2019

Un roman nostalgique et mélancolique, qui fait défiler devant nos yeux un flot de souvenirs émouvants. Un récit léger qui alterne entre présent et passé où se mêlent la quête du père et l’éducation sentimentale.

Oeuvre non trouvée

note: 5Roman passionnant Guy, bibliothécaire - 12 mars 2019

Au mois d’août 1993, Coralie âgée de dix-huit ans quitte la modeste maison de banlieue de sa mère pour passer les vacances dans la splendide villa familiale de son amie Soline. Au contact des personnes qui peuplent cette maison, Coralie va quitter définitivement le monde de l’enfance. Elle a soif d’apprentissages, de découvertes et d’expériences. Elle admire les parents et les enfants qui l’entourent dont l’aisance et la culture la fascinent. Mais derrière les apparences et sa découverte de l’amour, elle va se rendre compte que le monde des adultes est aussi composé de secrets inavouables.
Avec beaucoup d’élégance Karine Reysset restitue, avec son regard d’aujourd’hui, les émois de Coralie et sa soif de vivre. Elle décrit avec une grande justesse ses états d’âme, le cœur partagé entre Soline et Thomas.
Il s’agit aussi d’un roman social où deux réalités s’opposent, celle modeste de sa mère par rapport à l’opulence des parents de Soline. Dans une atmosphère à la fois lascive et trouble, nous assistons à une succession d’épreuves initiatiques, une sorte de rite de passage à l’âge adulte.
Un roman passionnant.

Battements de coeur (Cécile Pivot)

note: 5Un bonheur de lecture... Guy, bibliothécaire - 14 février 2019

Pour son premier roman, Cécile Pivot nous conte une belle histoire d’amour entre une femme Anna et un homme Paul que pourtant tout oppose. Ils parviennent à combiner leur vie avec leurs différences dans la plus grande passion. Anna dirige une maison d’édition avec son ami Matthieu tandis que Paul est paysagiste. Paul n’a pas eu d’enfant alors qu’Anna a deux garçons dont l’un est autiste. Anna a manqué de rien matériellement dans son enfance, ses parents ont fait leur devoir mais ils ne l’ont pas vraiment aimée. Sa vie ne les intéresse pas et cette indifférence à son égard la blesse. Est-ce ce sentiment de rejet qui va précipiter sa séparation avec Paul, toujours est-il qu’au bout de 11 ans de complicité le doute va s’insinuer dans leur relation. Vont-ils parvenir à surmonter leurs vieux démons ? Cette chronique d’un amour peut sembler banale mais ce qui fait la différence c’est l’écriture. Elle est simple et sonne juste. C’est à la dernière page que le titre prend tout son sens. C’est un roman délicat et plein d’émotions, chacun se raconte, raconte son amour. La vision de chacun des protagonistes enrichie le récit. L’amitié est également très présente.
Le lecteur se fait sa propre opinion sur les raisons qui conduisent à l’éloignement des deux amants. Les avis peuvent diverger et c’est sur ce point que se trouve la qualité de cette histoire.

Sergent papa (Marc Citti)

note: 4Un roman plein de charme Guy, bibliothécaire - 17 janvier 2019

Mathieu Scarifi, comédien décrépit est le héros de ce premier roman de Marc Citti. On découvre au fil du récit que Mathieu a abandonné son fils Antoine très tôt, non pas pour voyager mais parce qu’il ne se sentait pas capable de l’éduquer correctement. Antoine a donc grandi sans père mais avec la collection de ses disques qui l’ont sans doute conduit à devenir musicien. Aujourd’hui il est devenu un prodige de la scène rock avec son groupe les « extradés » et son père assiste à cette ascension en silence. Marc Citti connait parfaitement le monde du cinéma, du théâtre et de la musique puisqu’il est issu de ce milieu. Son récit est très crédible, peut-être même un peu autobiographique ? Il manie merveilleusement bien la langue française et sait nous émouvoir, notamment à la fin du livre avec la lettre qu’il écrit à son fils.
Voici donc un roman plein de charme que je vous invite à découvrir.

Modèle vivant (Joann Sfar)

note: 1Une chronique souvent drôle et parfois grinçante Guy, bibliothécaire - 17 janvier 2019

Dans un style très libre, féroce et pertinent Joann Sfar s’interroge sur l’époque dans laquelle nous vivons à partir des revendications féministes. Il utilise son expérience de professeur d’arts plastiques pour dépeindre la réalité d’une société qui est de plus en plus procédurière. La création artistique qu’il s’agisse de la peinture ou de la littérature est soumise à une censure qui va finir par l’étouffer.
Cette chronique alimentée par sa propre expérience est souvent drôle parfois grinçante.
Il s’agit de mon point de vue plus d’un essai que d’un roman.

Tenir jusqu'à l'aube (Carole Fives)

note: 4L'ambivalence des sentiments Guy, bibliothécaire - 19 décembre 2018

Ce roman écrit à la troisième personne décrit froidement le quotidien d’une jeune femme célibataire qui s'occupe seule de son fils de deux ans. Le père n’a pas donné de signe de vie depuis longtemps et ne paye pas de pension. Nous ne connaissons pas le prénom de la mère ni de l’enfant. Nous assistons à l’aliénation de cette mère dépassée par son fils qui du matin au soir doit s’occuper de lui. Sans famille à proximité, sans crèche et n’ayant pas l’argent pour payer une baby-sitter, elle doit assumer seule la garde et l’éducation de son enfant. Ses rares moments de liberté, elle les passe à regarder les forums sur Internet concernant les mères célibataires. Mais son plus grand plaisir est de fuguer certaines nuits lorsque l’enfant dort enfin. Elle s’éloigne de plus en plus de son domicile pour retrouver un semblant de liberté et de légèreté. Ne risque-t-elle pas un jour de ne pas rentrer ?
Un roman social qui décrit sans concession l’univers étriqué et sans espoir de certaines mères célibataires.

Avec toutes mes sympathies (Olivia de Lamberterie)

note: 5Magnifique hymne à l’amour fraternel. Guy, bibliothécaire - 29 novembre 2018

L’auteure critique littéraire dans la revue Elle est passée de l’autre côté du miroir parce qu’à la suite du suicide de son frère en 2015, elle a éprouvé le besoin d’écrire sur lui. Elle a voulu continuer à le faire vivre en invoquant son souvenir. Elle a voulu dire le grand malheur de l’avoir perdu et la joie de l’avoir eu pour frère. Il ne s’agit pas d’un livre triste bien au contraire, derrière les larmes, derrière la colère, il y a aussi la vie qui continue. Elle a su rendre universel un drame pourtant très personnel. Un livre intime, vibrant, à fleur de peau, très émouvant.

Magnifique hymne à l’amour fraternel.

Confessions d'une cleptomane (Florence Noiville)

note: 5Un portrait fascinant et touchant Guy, bibliothécaire - 18 octobre 2018

Valentine de Lestrange est la femme du ministre Pierre Antoine Berg. Les fonctions de son mari lui laissent beaucoup de temps libre et souvent seule, elle trompe son ennui en s'adonnant à la cleptomanie. Elle suit une impulsion irréversible qui la grise. Elle se sent exister par l'excitation que lui procurent ces vols. Mais cette forme de jouissance est de courte durée, elle doit sans cesse satisfaire ce besoin addictif, peut-être héréditaire. Elle veille à ne pas se faire prendre pour ne pas nuire à la carrière de son mari. Mais un jour elle reçoit une convocation de la police pour des faits de grivèlerie. Affolée, elle demande l’aide de son ami David brillant avocat. A partir de ce moment-là le cours de sa vie va prendre une tournure différente, son regard sur elle et sur son mari va changer.
Un récit bien écrit et plein de rebondissements où Florence Noiville explore le psychisme humain à travers ses troubles addictifs. L’ambiance de ce roman parfois diabolique et le portrait de l’héroïne rappellent les personnages mis en scène par Alfred Hitchcock.

Les Bracassées (Marie-Sabine Roger)

note: 5Un régal à déguster avec des madeleines Guy, bibliothécaire - 2 octobre 2018

Fleur et Harmonie, les deux héroïnes du nouveau roman de Marie-Sabine Roger ont un prénom qui ne leur correspond pas vraiment : Fleur est une vielle dame obèse âgée de 76 ans qui vit recluse dans son appartement avec pour seule compagnie son chien Mylord. Elle est atteinte d’agoraphobie. La seule sortie qu’elle s’autorise est pour consulter son psy le docteur Borodine dont l’accent russe la fait fondre. Harmonie est une jeune femme âgée de 29 ans atteinte du syndrome de la Tourette...C’est une petite annonce rédigée par Fleur pour la garde de son chien qui va provoquer la rencontre entre les deux femmes. Bientôt rejointes par d’autres « bras cassés », elles vont nous entraîner dans une série d’aventures émouvantes et drôles. Voici un roman humaniste qui livre avec tendresse une vision positive de la différence. Il suffit parfois de modifier son point de vue pour changer le regard que l’on porte sur soi et sur les autres.

Khalil (Yasmina Khadra)

note: 4Portrait réussi d'un jeune terroriste Guy, bibliothécaire - 2 octobre 2018

Khalil, une ceinture d’explosif autour de la taille est prêt à ensanglanter Paris ce soir du 13 novembre 2015. Mais contrairement aux autres membres du commando sa ceinture ne fonctionne pas. Au cours de sa cavale pour échapper à la police il prend conscience d’un certain nombre de choses qui ébranlent ses convictions. Le doute s’insinue en lui, il est partagé entre ce que lui dictent sa conscience et les ordres que lui donne son organisation terroriste. Qui va l’emporter ?
Dans un récit alerte, réaliste et bien documenté, Yasmina Khadra nous livre une approche inédite du terrorisme en nous plongeant dans l’esprit d’un kamikaze. Il analyse avec justesse les raisons sociales et psychologiques qui peuvent conduire un homme à commettre un acte atroce sous des prétextes religieux.

Oeuvre non trouvée

note: 5Une fable dérangeante Guy, bibliothécaire - 5 juillet 2018

L’archipel du Chien est une petite île de pêcheurs, de cultivateurs et de vignerons. Cet endroit est plutôt inhospitalier, il est recouvert de la lave noire d’un volcan : le Brau, toujours en activité. Un matin quelques notables découvrent sur la plage trois cadavres de jeunes hommes noirs. Afin de ne pas mettre en péril les négociations commerciales pour un projet de thermes certains décident de dissimuler les corps échoués. Ils ne sont heureusement pas tous d’accord.
Ce qui est intéressant dans cet ouvrage c’est le débat qui anime les témoins de ce drame. Ils sont pris entre les impératifs économiques et la morale qui voudrait que l’on enterre dignement ces malheureux.
Une fable dérangeante qui dénonce l’égoïsme et la lâcheté dont sont parfois capables certains hommes.

Une longue impatience (Gaëlle Josse)

note: 5Vivre d’attendre, mourir d’attendre Guy, bibliothécaire - 29 mai 2018

Il n’est pas facile de se remettre de la lecture de ce roman poignant. Il faut déjà sécher ses larmes avant de pouvoir parler de la détresse d’Anne, cette mère qui attend désespérément le retour de son fils parti en mer pour fuir la brutalité de son beau-père. Gaelle Josse a la faculté de nous plonger dans une atmosphère lourde, dans les pensées et les sentiments les plus profonds de son héroïne dont le cœur saigne mais qui survit grâce à l’espoir. Ce récit dépeint un drame, aussi personnel qu'universel : la douleur de l'absence, la peur du vide, l'attente inexorable.
L’écriture est d’une extrême justesse et d’une infinie délicatesse malgré l’aspect tragique de la situation.

Autopsie d'un rebond (Eric Cervos)

note: 5Un roman qui ne manque pas de ressort ! Guy, bibliothécaire - 24 avril 2018

Voici un roman étonnant, qui décoiffe. L’auteur ne cesse de jouer avec les mots. Son style est une sorte de mélange entre Frédéric Dard et Michel Audiard, ce qui donne un cocktail explosif et beaucoup d’humour. Mais les frasques sulfureuses d’Erik Rosa, célèbre auteurs de best-sellers cachent en réalité un parcours professionnel et sentimental chaotique. C’est lorsqu’il évoque son passé que le récit devient plus grave et plus profond. Il témoigne, à travers son expérience, de sa désillusion et des changements survenus dans l’industrie chimique. La mondialisation a entrainé une concentration des grandes entreprises françaises qui se sont progressivement focalisées sur les bénéfices reversés à leurs actionnaires au dépend des employés. Pour sortir la tête haute d’un milieu professionnel qu’il ne reconnait plus, pour enfin réaliser ses rêves Erik a pris des risques, il a opté pour une reconversion sans filet. Ce mélange de fiction et de réalité donne de la puissance à ce roman qui ne manque pas de ressort. J’attends avec impatience le prochain !

Les rêveurs (Isabelle Carré)

note: 5Un récit vibrant et poétique Guy, bibliothécaire - 10 avril 2018

Isabelle Carré, nous raconte son enfance dans les années 70. Lucide et inspirée, avec une écriture délicate, elle renoue les fils de la mémoire. La narration navigue au fil des chapitres entre les époques, les personnages et les points de vue sans que jamais le lecteur ne s’égare. Son enfance et son adolescence sont pleines de rêves pour échapper à une réalité parfois difficile à supporter. Nous la suivons discrète et souvent incomprise par des parents qui se débattent dans leur vie. Ils ont un problème d’identité et ne sont pas toujours à la hauteur en termes d’éducation. Dans cette famille un peu égarée, elle cherche sa place. Heureusement, l’imagination l’aide à s’abstraire de ce monde d’adultes immatures. Son large sourire cache des tourments plus profonds que le théâtre parviendra à lui faire dépasser. J’appréciais déjà l’actrice et je dois avouer que la romancière m’a touché. Elle se confie avec une grande simplicité de ton, sans pathos, ni jugement de valeur. Dans un récit vibrant et poétique, elle nous fait cadeau de ses blessures, de ses failles qui l’ont aidée à grandir.

Chanson de la ville silencieuse (Olivier Adam)

note: 5Un beau roman Guy, bibliothécaire - 20 mars 2018

La fille d’Antoine Schaeffer, ex-star de la chanson française, tente dans ce roman de rembobiner le film de sa vie. Son père à l'apogée de sa gloire a tout plaqué pour aller vivre en ermite à la campagne. Toujours à la merci des paparazzis, il a fini par disparaître totalement. S’est-il véritablement suicidé ou s’agit-il d’une mise en scène ? La quête de ce fantôme de père à partir de souvenirs désordonnés permet à l’héroïne de se retrouver elle-même et de grandir. Olivier Adam est fidèle à ses thèmes favoris : la fuite, l'errance, le mal- être et la solitude.
Un roman mélancolique, à fleur de peau qui rend hommage aux musiciens.

Les loyautés (Delphine de Vigan)

note: 5Boulversant Guy, bibliothécaire - 20 mars 2018

Dans ce roman choral à quatre voix, l’auteur nous fait partager l’inquiétude d’Hélène vis-à- vis de Théo son élève âgé de douze ans et demi. Depuis quelques semaines il a une attitude étrange. Les parents de Théo sont divorcés, c’est la guerre entre eux. Il vit en garde alternée passant d’un monde à l’autre, du laisser-aller de son père à la rigidité de sa mère. Son ami Mathis ne va pas bien non plus, il subit les remontrances de sa mère Cécile qui n’apprécie pas Théo et l’influence qu’il a sur lui. Les deux amis, pour échapper à leur vie qui les insupporte, boivent en cachette. Cette attitude suicidaire va faire remonter à la mémoire d’Hélène ses propres traumatismes. A partir de ce contexte dramatique, Delphine de Vigan s’interroge sur les loyautés intimes qui sont l’essence de chacun d’entre nous.
Elle démontre que ces liens intérieurs qui nous définissent et qui parfois nous élèvent ou nous emprisonnent sont différents selon notre éducation, notre milieu social et notre vécu. Un récit intime, délicat et parfois bouleversant.

Oeuvre non trouvée

note: 5Une liberté toujours à défendre. Guy, bibliothécaire - 29 novembre 2017

L’année dernière Fouad Laroui dans son roman intitulé : « Ce vain combat que tu livres au monde », nous racontait la radicalisation d’un jeune musulman sur fond de grande histoire du Moyen-Orient. Cette fois-ci, il nous livre le portrait de Fatima, une jeune femme d’origine maghrébine qui vit dans le quartier de Molenbeek à Bruxelles. Qui est-elle vraiment ? Une jeune femme religieuse qui quitte le domicile de ses parents vêtue de noir et d’un hijab en évitant le regard des hommes ? Celle qui ressort de chez son amie habillée à l’occidentale, robe légère et cheveux au vent ou enfin la femme provocante qui affole les hommes en se dénudant dans un sex- shop ?
Sous les apparences d’un conte philosophique teinté d’humour, Fouad Laroui suit la métamorphose d’une femme qui cherche à se définir par elle-même hors des étiquettes sociologiques ou des fantasmes masculins. Elle est le symbole d’une liberté toujours à défendre.

Femme à la mobylette (Jean-Luc Seigle)

note: 5 Un texte merveilleusement bien écrit et bouleversant Guy, bibliothécaire - 12 octobre 2017

Malgré son prénom, Reine fait partie de la France d’en bas, celle qui vit avec les moyens du bord, au jour le jour. Son existence est difficile, elle se retrouve avec ses trois enfants sur les bras parce que le père l’a abandonnée pour rejoindre une femme plus riche. Reine est fragile psychologiquement, elle manque de maturité et a parfois des comportements étranges. Ce qui la tient debout c’est son esprit plein de poésie et son amour pour les autres. Un jour elle décide de déblayer son jardin encombré par de nombreux objets laissés par son mari et elle va découvrir une mobylette bleue... Un texte merveilleusement bien écrit et bouleversant qui rappelle le réalisme poétique du cinéma des années trente.

Un bon écrivain est un écrivain mort (Guillaume Chérel)

note: 4Parodique est souvent très drôle ! Guy, bibliothécaire - 16 mai 2017

Après avoir passé trois mois en résidence d’écrivains au monastère de Saorge, l’auteur a eu l’idée d’utiliser ce cadre original chargé d’histoire pour y plonger dix écrivains très connus. Ce n’est pas bien de se moquer ! J’avoue que j’ai passé un moment agréable en découvrant les portraits satiriques de ces auteurs qu'on adore (ou qu'on déteste), et qui sont en tête des ventes à chaque rentrée littéraire : Amélie Latombe, Frédéric Belvédère, Michel Ouzbek, Kathy Podcol ou Jean de Moisson ainsi que cinq autres compagnons, ce qui fait bien dix. Il s’agit effectivement d’une sorte de pastiche des Dix petits nègres d’Agatha Christie. Piégés par un mystérieux commanditaire, ils vont montrer le côté sombre de leur personnalité. J’ai particulièrement apprécié la première partie du livre, la liberté de ton, les jeux de mots, la connaissance des auteurs cités et la critique du monde de l’édition. En revanche la deuxième partie m’a semblé moins inspirée et la fin de l’histoire un peu bâclée.

Oeuvre non trouvée

note: 4Déroutant ! Guy, bibliothécaire - 27 octobre 2016

Dans ce premier roman, la jeune romancière d’origine vietnamienne Line Papin, âgée de 21 ans, décrit les errances et les amours d’un quatuor d’expatriés à Hanoï. Juliet, la fille de l’ambassadeur d’Australie, rencontre au cours d’une fête un homme « au regard d’or » dont elle tombe éperdument amoureux. Celui-ci est un ancien serveur du restaurant français de la ville. Son ami Raphaël est un sympathique flambeur. Plane sur ces trois personnages l’ombre de Laura, une jeune femme libertine qui comble son ennui par des excès d’alcool et de sexe.

Ce roman m’a un peu dérouté, il n’a pas vraiment d’intrigue. Ces deux garçons et ces deux filles pourtant très jeunes semblent avoir beaucoup vécu. Ils se révèlent progressivement à travers leurs excès et leur tendresse. Cet éveil à l’amour est à la fois douloureux et sensuel dans cette capitale vietnamienne où l’atmosphère mystérieuse et surchauffée est très bien décrite.

Maures (Sébastien Berlendis)

note: 5L'insousciance Guy, bibliothécaire - 20 octobre 2016

L’auteur évoque avec beaucoup de précision ses étés d’adolescence dans les années 80 sur la côte varoise. Il retrace avec fidélité l’image de la jeunesse insouciante uniquement préoccupée par les premières rencontres amoureuses. Il réanime aussi avec justesse tous les petits détails et les stéréotypes liés aux vacances en bord de mer.
Son récit est une sorte de kaléidoscope de couleurs et de sensations qui fait remonter à la surface de notre propre mémoire les images et les souvenirs de notre adolescence au soleil. Une rêverie intemporelle et attendrissante qui fait du bien.

Métamorphose d'un crabe (Sylvie Dazy)

note: 5Univers impytoyable Guy, bibliothécaire - 20 octobre 2016

Le crabe dans ce récit ne désigne pas le cancer mais en langage de prisonnier le gardien de prison. L’auteur qui connaît bien le milieu carcéral, puisqu’elle est éducatrice chargée de réinsertion, utilise son expérience pour écrire un roman original sur le personnel pénitencier. Le personnage principal, Christo, vient de réussir le concours de surveillant pénitentiaire. Il se considère comme un ethnologue chargé d’observer le personnel et les détenus. Et c’est sur ce point que repose la force du récit. L’auteur nous montre de l’intérieur le fonctionnement d’une prison, la hiérarchie, les codes. Le quotidien ressemble à une ronde sans fin : cliquetis des clefs, stress, bagarres, alertes soudaines sous le regard des chefs qui ont le pouvoir de faire avancer la carrière ou de la stopper. Le danger de ce type d’emploi extrêmement pénible et absorbant est de se couper progressivement du monde réel. Nous assistons au fil du récit et des circonstances à la métamorphose de Christo qui témoigne de l’aspect impitoyable de l’univers carcéral des deux côtés des barreaux.

Dans ma peau (Guillaume de Fonclare)

note: 5A lire Guy, bibliothécaire - 12 mai 2016

Guillausme de Fonclare est atteint d’une maladie atroce dite « auto-immune » et « orpheline », sans espoir de guérison. Mystérieuse et lancinante, cette maladie dévore ses muscles et le condamne à l’invalidité puis à la mort. C’est dans la nudité de sa douleur qu’il se raconte. Il fend l’armure qu’il se compose au quotidien pour assumer son poste de directeur de l’Historial de la Grande guerre à Péronne. Un travail qui lui permet d’oublier un peu la décadence de son corps. L’immense solitude dans laquelle la maladie l’enferme se trouve allégée par le lien qu’il a tissé avec ses frères soldats. Monsieur le Directeur est une victime de la maladie parmi les « gueules cassées » de la grande guerre. Et cette fraternité du corps, cette proximité de la tragédie, tout comme l’exigeante lucidité dont il fait preuve, lui servent d’exutoire. Même s’il reste discret sur son passé, on comprend à demi-mot qu’il a vécu des drames notamment la perte de son père pilote d’essai à l’Aérospatiale, qui a trouvé la mort en vol... Lui-même père de deux enfants, leur dit tout son amour en quelques sobres pages, en espérant ne pas leur laisser sa maladie en héritage. Dans ma peau, n’est pas un livre de désespoir mais au contraire de dignité et de courage. L’auteur, dans une écriture maîtrisée, célèbre l’homme dans les subtiles nuances de ses forces et faiblesses mêlées.

Comme une voix lointaine (Marie-Hortense Lacroix)

note: 4Une très belle histoire Guy, bibliothécaire - 12 mai 2016

Myriam est une pianiste renommée. Dés l’enfance, elle n’a vécu que pour son art. Même la naissance de sa fille Lucie n’y change rien. Ce serait sacrilège de négliger la musique pour de l’amour maternel ! Devenue grand-mère, elle espère que Sylvain sera à son tour un musicien talentueux…
Très belle histoire, pleine d’humour et de finesse où les certitudes laissent la place à la fragilité et au renoncement.

Oeuvre non trouvée

note: 4A lire ! Guy, bibliothécaire - 7 avril 2016

Le narrateur s’exprime à la première personne. Il se prénomme Vincent comme l’auteur et exerce également la profession d’écrivain. Au premier abord on pourrait penser qu’il s’agit d’une autobiographie, mais c’est bien dans une aventure autofictionnelle que Vincent de Swarte nous embarque. Alors qu’il vient de franchir la quarantaine, Vincent connaît une sérieuse panne d’écriture. Sous l’ aspect d’une monstrueuse poussée d’urticaire, son corps va radicalement se transformer. Il va découvrir la perte de son pénis remplacé par un sexe féminin. Derrière cette fable proche de la comédie épique se cache des questions beaucoup plus sérieuses. C’est tout un système de représentation fondé sur l’apanage de la virilité qui s’effondre. La panne d’écriture n’était que la manifestation prémonitoire de cette perte. L’auteur rétablit avec une grande subtilité le ressenti, la représentation de la réalité et les fantasmes du narrateur désormais investi par sa part féminine. Il est également contraint de redéfinir sa perception du désir ainsi que le sens de sa relation avec Anne, son épouse.
Même si l’humour n’est jamais très loin, au bout du compte, ce roman pose la question de notre rapport sexué au monde.

Oeuvre non trouvée

note: 4Alerte et drôle Guy, bibliothécaire - 7 avril 2016

Il y a des jours où tout dérape. Les choses étaient pourtant bien organisées : le vendredi, Poppy enterrait sa vie de jeune fille et le lendemain elle épousait Rob et ils devenaient un gentil couple sans histoire. Sauf que le samedi Poppy a rompu. Du coup furieux, Rob lui a révélé ce que tout le quartier sait depuis toujours, que son père n’est pas son vrai père. Et c’est ainsi que Poppy s’est retrouvée à Londres en quête d’un appartement, de son géniteur, d’un job et de l’âme sœur.
Comédie sentimentale, alerte et drôle.

Oeuvre non trouvée

note: 5Un récit puissant ! Guy, bibliothécaire - 2 février 2016

Le jeune narrateur dont on ne connaîtra pas le nom s’ennuie dans sa Normandie natale. Pour fuir le vide de sa vie, Il décide de partir au Mali pour tenter l’aventure. Son rêve s’achève en Syrie, dans une forteresse djihadiste où les hommes ont perdu toute humanité. « Le Français » dont nous avons suivi le parcours devient sous nos yeux un véritable monstre. En faisant parler son anti-héros à la première personne, l’auteur nous fait partager ses pensées, ses angoisses et ses envies. Nous découvrons son horreur pour la société française qui ne lui accorde aucune place. Sa radicalité lui évite toute culpabilité, il parvient à justifier l’innommable. Un récit puissant sur « un enfant perdu » qui fait froid dans le dos.

Un amour impossible (Christine Angot)

note: 5Récit intimiste Guy, bibliothécaire - 2 février 2016

A la fin des années 1950, à Châteauroux, Pierre et Rachel vivent une histoire d’amour courte mais passionnée. Pierre, parisien, érudit, fils d’une famille bourgeoise fascine Rachel, modeste employée d’origine provinciale. Pierre ne veut pas se marier, pourtant de leur liaison naît une petite fille : Christine. Rachel élève seule sa fille et une grande complicité les unit. Christine ne voit son père qu’épisodiquement jusqu’à l’année de ses treize ans où il se montre de plus en plus présent et lui fait découvrir un autre monde, celui de la culture. Cette relation qui se révèlera incestueuse va un peu plus éloigner Christine de sa mère à qui elle reprochera de n’avoir rien vu. J’ai aimé ce récit intimiste qui dépeint l’amour à sens unique d’une femme pour un homme d‘un milieu social sans doute trop différent. Cet homme se joue d’elle et cette passion va s’avérer destructrice pour la mère comme pour la fille. Avec beaucoup de retenue, Christine Angot parvient à lever le voile sur une période difficile de sa vie.

Jusque dans nos bras (Alice Zeniter)

note: 5Un récit tout en nuance. Guy, bibliothécaire - 15 décembre 2015

Aujourd’hui, Alice se marie avec un jeune Malien qui se prénomme Mad. Il sont les meilleurs amis du monde depuis leur enfance, ils ont partagé le même bac à sable et les mêmes établissements scolaires. Ils ont grandi ensemble et partagent des idéaux semblables. Rien de plus naturel donc qu’ils unissent leurs destins. Mais, au fil du récit, on apprend qu’il s’agit d’un mariage blanc parce que c’est la seule chose qu’Alice peut faire pour sauver son ami sans papier. Cet engagement n’est pas purement sentimental, il est également politique.
Dans cette autofiction, Alice Zeniter s’engage et dans un style moderne elle dénonce une politique migratoire qui oblige des individus, parfois très jeunes comme ses héros, à prendre des décisions qui vont bouleverser à jamais leur existence.

Entre frères de sang (Ernst Haffner)

note: 5Un style très vivant et moderne Guy, bibliothécaire - 23 juillet 2015

Au début des années 30, l'Allemagne est en pleine dépression économique et sociale, Berlin est une jungle où de nombreux jeunes vivent dans les rues. Ces « sans toits ni lois » cherchent à survivre. Certains sont orphelins, d'autres ont quitté leur domicile ou leur foyer de l'assistance publique et doivent échapper à leurs ennemis : le froid, la faim, la police et la maladie. Dans ce contexte, nous découvrons le quotidien de Johny et sa bande qui ont compris qu'ensemble ils sont plus forts et que cette solidarité de circonstance leur permet de rester en vie et peut­être d'accéder à un avenir. Des personnages attachants qui vivent de nombreuses aventures avec des anecdotes tantôt tristes tantôt drôles. J'ai apprécié ce regard de « l'intérieur » du point de vue des jeunes, nous partageons leurs aventures sans dramaturgie exagérée. J'ai aussi aimé le style de l'auteur très vivant et moderne, il écrit sur le vif comme un reporter. Je vous invite donc à découvrir cette œuvre qui donne dans le registre du réalisme social.

Géographie française (Gabriel Garran)

note: 5Roman d'apprentissage Guy, bibliothécaire - 23 juillet 2015

Gabriel Garran, de son vrai nom Gabriel Gersztenkorn, retrace dans cet ouvrage la première partie de sa vie, de l'enfance à l'adolescence. La guerre et l'arrestation de son père en 1941 en raison de ses origines juives, puis sa déportation à Auschwitz qui ont fait basculer sa vie. A travers son regard nous percevons les différentes facettes des Français sous l'Occupation, des plus lâches aux plus nobles. Ce que j'ai beaucoup apprécié dans ce roman d'apprentissage, c'est la qualité de l'écriture. Cet homme aujourd'hui, octogénaire, parvient à retrouver l'enfant qu'il fut avec un style vif et percutant où il exprime des sentiments à la fois simples et profonds.

Peine perdue (Olivier Adam)

note: 5Un roman noir et bouleversant Guy, bibliothécaire - 23 juillet 2015

Nous retrouvons les thèmes chers à l'auteur dans ce onzième ouvrage : les bords de mer, l'enfance, l'injustice sociale, les crises d'identité. L'histoire se déroule dans une cité balnéaire du Var désertée avant le début de la saison. Antoine, mécanicien au chômage, le footballeur le plus doué de l'équipe amateur de la ville, a été sauvagement agressé. Pourquoi et par qui ? Va-­t-­il sortir du coma ? A travers l'enquête de Grindel, le policier chargé de l'affaire, on découvre 21 personnages qui connaissent de près ou de loin Antoine. Le goût d'Olivier Adam pour les perdants et les êtres cabossés par l'échec professionnel ou familial ressort. Il a un regard tendre à l'égard de cette majorité silencieuse qui souffre de la précarité et de la crise économique. Il adopte le langage parlé de ses protagonistes, abuse de phrases courtes, les mots s’enchaînent parfois sans verbe. Beaucoup de rythme, de nervosité. L'écriture est extrêmement visuelle. Un roman noir et bouleversant, reflet d'une France qui se paupérise, que je vous invite à lire.

Réussir sa vie (Bruno Gibert)

note: 4Roman de la France d’en bas Guy, bibliothécaire - 23 juillet 2015

21 chapitres courts et fragmentés, comme autant de cris et de coups de poing ou de complaintes résignées. Ils parlent de leurs galères, de leurs espoirs à travers leur quotidien fait de petits boulots précaires, de rendez-vous à l’ANPE, d’embrouilles, de dépressions ou encore de divorces… Ils habitent Gennevilliers, Asnières ou Nanterre, ils ont 23, 39 ou 56 ans. Adolescent en souffrance, caissière, érémiste ou clandestin…ils se souviennent et regrettent souvent le paradis perdu de leur enfance… C’est leur vie qu’ils égrènent, leur vie intime et professionnelle, la lutte constante… Entre la fiction et le documentaire, l’auteur explore les déterminismes sociaux, les trajectoires individuelles à la lumière de l’obsession de la réussite. L’écriture est minimaliste, elle se scande parfois comme les paroles d’un slam. Dénoncer l’obsession de réussite individuelle qui gouverne nos sociétés, roman de la France d’en bas, de la France qui tombe.

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